“La réalité c’est ce qui refuse de disparaître quand on a cessé d’y croire”
Philip K. Dick, “Valis”
Depuis les années 80, Catherine Ikam revisite les archétypes de notre société à travers le prisme des technologies : Fragments d’un archétype et Identité III, créées en 1980 au Centre Pompidou, ont été deux pièces fondatrices de l’art vidéo en France.
L’irruption du numérique, du ”temps réel”, et de son cortège de leurres la conduiront à inventer avec Louis Fléri des environnements et des personnages virtuels, sculptant des espaces mentaux en perpétuelle évolution : “Valis” de Philip K. Dick, opéra vidéo commandé à l’occasion du 10e anniversaire du Centre Pompidou en 1986, L’Autre, premier personnage virtuel créé en 1992 pour la Fondation Cartier, Elle, créée en 1999 pour l’exposition “Portraits Réel/virtuel” à la Maison Européenne de la Photographie, Oscar, présenté en 2005 à Shanghai, ou encore Digital Diaries, réalisé en 2006 au Studio National des arts contemporains du Fresnoy.
Influencés par Philip K. Dick, et très proche de Nam June Paik, auquel Catherine Ikam rend un hommage avec une vidéo inédite Piano Pieces, Catherine Ikam et Louis Fléri s’intéressent aux relations ambiguës qui existent entre la réalité et l’apparence au travers d’artefacts porteurs de sens, tels ces portraits infographiques réalisés sans optique, reconstruisant le réel à partir de captures 3D : Yoona, David et la série des Autoportraits monochromes.
Dans le dispositif Elle, le personnage virtuel est le double numérisé d’une jeune femme, doté d’un modèle de comportement autonome. Lorsqu’un visiteur entre dans l’espace ou se trouveElle, sa présence est détectée par un laser et le visage se rapproche, lui sourit ou se détourne. En l’absence de visiteur, Elle développe une vie aléatoire propre qui s’enrichit de la mémoire des événements précédents. Avec Oscar, c’est une rencontre beaucoup plus intime qui est proposée : un visage qui vous regarde en souriant mais qui n’est qu’un modèle numérique.
En humanisant le numérique et en numérisant le vivant, Catherine Ikam et Louis Fléri ne cherchent pas la virtuosité technologique et les prouesses techniques dont sont capables ces personnages artificiels mais l’émotion qu’ils éveillent en nous.
Le spectateur est un élément essentiel de chacune de ces installations, son intervention, son regard en définissent la perspective. Dans Identité III, chaque visiteur, filmé sous de multiples angles par des caméras équipées de focales différentes, affronte en direct son image éclatée sur 9 moniteurs. Dans Digital Diaries, il évolue dans une base de données projetée en relief, dans laquelle il peut s’orienter en temps réel.
Réalisation technique de l’exposition par on-situ.