L’exposition dédiée à Serge Aboukrat à la Maison Européenne de la Photographie présente l’œil d’un collectionneur, son regard sur l’histoire de la photographie, des clichés-verres (environ soixante œuvres) à Philippe Halsman (une soixantaine de photographies) en passant par quelques pièces emblématiques de sa collection personnelle.

L'exposition

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Delacroix, Le tigre en arrêt, 1854 Tirage Sagot-Le Garrec, 1921 Collection Serge Aboukrat

« Depuis longtemps j’affectionne la photographie.

Dans les années 1970, alors que j’habitais Nice, une de mes connaissances collectionnait les années 1930. Tout dans son appartement reflétait l’ambiance de cette époque : murs en opaline noire, vases de Dunand, Lalique, meubles de Ruhlmann, Leleu, sculpture de Miklos, peinture animalière de Jouve… Un véritable musée. Je me faisais alors la réflexion, qu’il devait falloir 40 ans pour redécouvrir, apprécier une période dans son ensemble et j’annonçais alors que le 1960 serait “à la mode” dans les années 2000 ! Lors de la visite du Musée Pompidou Metz, dans la première exposition décidée par Laurent Lebon, une vidéo d’entretiens avec Marcel Duchamp affirmait, et me confirmait, cette idée des 40 ans. Ce laps de temps est-il à considérer comme “une traversée du désert”, à l’image de celle du peuple hébreu lors de la sortie d’Égypte, qui dura 40 ans, d’obtenir les garanties de durabilité. Passé ce délai, tout est possible. Les dés sont jetés.

Être en phase avec son temps, comprendre, aimer son époque est une forme de bonheur. Certes “Des choses anciennes, faisons des nouvelles” sera toujours d’actualité. La critique fait progresser le futur. L’innovation artistique (picturale, musicale, littéraire) est-elle réellement comprise lors de sa période de création ? Cela paraît évident pour les amateurs éclairés. Je me remémorais l’affiche rencontrée dans les rues de Paris, alors que je venais juste de m’y installer, à 40 ans : “La musique classique a d’abord été contemporaine”.

William Bouguereau, Eugène Carrière et bien d’autres peintres ont été plus appréciés à leur époque que Edouard Manet, qui laissa pourtant son nom dans l’Histoire de l’Art. Ne parlons pas de la photographie, des débuts de ce médium négligé, de ces précurseurs qui ont tant oeuvré pour imposer la photographie au rang d’Art.

L’histoire rattrape ces erreurs.

Il y a une dizaine d’années, je fis l’acquisition d’un lot photographique de Philippe Halsman, ensemble réduit de cet artiste, sorte de mini rétrospective : Atomicus, Skull, Jump et portraits “flottants”. Je m’en suis immédiatement voulu de ne pas m’être intéressé bien avant à cet artiste, considéré comme l’un des dix grands photographes de sa génération. Au fil de mes recherches, je constituais un ensemble cohérent qu’aujourd’hui il m’est rendu possible de présenter à la Maison Européenne de la Photographie et ce moins de 40 ans après sa disparition.

Les fatalités de son adolescence n’ont pas engendré chez Philippe Halsman, dans sa vie ou son travail de la rancoeur, mais plutôt légèreté, beauté, optimisme et joie de vivre. Les évènements éprouvés dans sa jeunesse ont jeté dans les dés du hasard les clefs de sa passion, qu’il mit au service de son oeuvre, sa marque singulière facilement reconnaissable et si bien formulée dans le texte qui suit.

Une oeuvre, c’est une vie dont il nous est permis de découvrir une infime partie, une bonne partie cependant et de s’en faire néanmoins une opinion.

Une très bonne opinion, il me semble ! »

Serge Aboukrat

 

COMMISSAIRE D’EXPOSITION

Serge Aboukrat

 

Mécénat de compétence

Traduction réalisée grâce au mécénat de compétence de l’agence THOMAS-HERMES with style
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