Guillot – La logeuse

Enfin, entre nos mains, l’attendu est advenu. Jusqu’à son terme, l’épuisement ; car cet ouvrage, un très long voyage jusqu’à l’ultime image qui le compose, ne propose pas d’autres lectures que ça, à l’enseigne du titre d’un poète : travailler fatigue ; par Yves Guillot donc, plutôt, regarder fatigue. La dernière image, un chien couché devant la loge, à la fin du périple, Argos est le seul être vivant à reconnaître Ulysse au terme de son voyage. Dans le texte homérique, Argos, laissé sans soins, couvert de vermine, couche sur le fumier. II reconnaît Ulysse et meurt. Ulysse et son chien, Guillot s’est d’emblée placé entre les deux, son périple le mène à ce que voit un chien, le maître est de retour par le chemin de la procession des désastres du monde tel qu’il l’a vu. La Logeuse à ce titre mérite-t-elle de figurer dans une bibliothèque d’ouvrages photographiques ? Pour mon usage je la placerais davantage entre Joyce et Mallarmé, eux-mêmes situés sur les flancs de Kafka et Freud sur l’étagère intitulée “au delà du bien et du mal”, et sachant trouver là ce que voit un chienépuisé, regarder fatigue. (B. L.-V.)