Plus jeune de quelques années que Nicéphore Niépce et Louis Daguerre, Gustave Le Gray (1820-1884) aurait pu n’être qu’un des nombreux découvreurs de la photographie et rester dans l’histoire du médium comme un chimiste doué qui a amélioré les procédés de ses aînés. Il mit en effet au point le négatif sur papier ciré sec et le négatif sur verre au collodion – trouvailles qui lui permirent sans doute de réaliser les plus beaux tirages de son époque. Mais si Gustave Le Gray tient aujourd’hui une telle place dans l’histoire de la photographie, c’est pour avoir compris, le premier, qu’il ne s’agissait pas d’un simple procédé de reproduction mais d’un art à part entière : “J’émets le vœu que la photographie, au lieu de tomber dans le domaine de l’industrie, du commerce, rentre dans celui de l’art. C’est là sa seule, sa véritable place”.