Peyret (de) – 1 new york times plaza, queens, ny 11354

Tom de Peyret observe le fonctionnement du pouvoir. Non pas ses clinquantes façades mais les méandres de ses infrastructures silencieuses. On ne reconnaît pas New York dans ses images, ou à peine la forme d’un pont, un gratte-ciel au loin ou le logo du New York Times dont il explore les rotatives dans les allées d’une imprimerie du Queens. Le livre se détourne de la mise en scène touristique pour scruter le socle anonyme sur lequel repose la ville, ce qui chaque jour lui permet de jouer son rôle de capitale officieuse de l’Empire.

Comme l’écrivain Philippe Vasset, Tom de Peyret s’immisce dans les zones blanches, celles qui n’apparaissent sur les cartes que comme des non-lieux. Sa traversée de New York est oblique, elle passe par des endroits inaccessibles, interdits ou abandonnés. De terrains militaires en chantiers de construction, de prisons en aéroports, son odyssée déroule aussi, comme en miroir, une exploration des presses du New York Times. Là s’imprime la forme presque archaïque du journal, qui sera lu quelques heures plus tard dans les grands hôtels, les lobby d’aéroports ou les bibliothèques publiques du monde entier, livré par les camions même que l’on croise sur les échangeurs routiers des Five Boroughs.

Le livre nous ouvre les coulisses industrielles de la ville. Il emprunte au journal ses couches d’encres superposées, décalées, avec lesquelles Tom de Peyret nous rappelle que New York est avant tout une machine, une ingénierie complexe et centrifuge qui distribue information, marchandise et capital.

21 x 29 cm