Christopher Thomas ne souhaite pas montrer les Vénitiens, ni célébrer les couleurs des façades. Il a travaillé à la chambre (Linhof Technika) sur des pellicules Polaroid 55, en noir-et-blanc. Il a réalisé ses prises de vue la nuit, ou très tôt le matin, quand les choses et les lieux s’estompent dans le lointain. Il ne se réfère pourtant pas aux visions romantiques du XIXème siècle, qui représentaient la ville noyée dans les pâles lueurs de la lune.
Face à une ville si diverse, il s’est isolé de la réalité immédiate pour créer une nouvelle vision. Ses photographies sont des émanations d’un mysticisme urbain contemporain, avec des squares qui luisent dans la brume, des bâtiments aux lignes dures, et partout le silence et la solitude.
« L’intuition géniale de Christopher Thomas est de ne pas avoir pensé un seul instant qu’il pourrait faire une synthèse de Venise. Il rejette toute vision globale. Il rejette l’idée que la substance de Venise peut être encapsulée dans un détail. Il respecte absolument l’essence de Venise. Marchant seul dans la nuit ou dans le brouillard, il a rencontré ici ou là des fragments de réalité. Il pointe son appareil sur des objets – le Palais des Doges, un arbre, un poteau. Nous savons qu’autour d’eux, sous le ciel, reflétée dans l’eau, se trouve Venise » (Antonio Foscari).
Commissariat : Ira Stehmann
A l’occasion de cette exposition, un catalogue paraîtra aux éditions Prestel