À l’occasion du Mois de la Photo 2000, la Maison Européenne de la Photographie en collaboration avec la Mairie de Paris et la Mission 2000 avait imaginé un parcours d’expositions dans les parcs et jardins du centre de Paris. D’octobre à la fin novembre 2000, cinq artistes (Andy Goldsworthy, Paul-Armand Gette, Nils-Udo, Gloria Friedman et François Méchain) ont installé leurs œuvres in situ.
François Méchain avait choisi le “Vert-Galant”, ce parc qui s’avance en proue au bout de l’île de la Cité, au milieu de la Seine. L’artiste a utilisé cette disposition unique, entre l’Hôtel de la Monnaie côté rive Gauche et La Samaritaine et le Louvre côté rive Droite pour mettre en scène son installation.
“Dans un premier temps, j’ai construit dans le jardin du Vert-Galant, à la proue de l’île de la Cité, une cabane faite de branches de coudrier. Le promeneur pouvait y pénétrer, s’y asseoir et y méditer. Implanté à l’exact centre d’un cercle qui circonscrirait Paris intra muros, cet observatoire archaïque invitait le spectateur à remonter le cours de l’histoire de la ville, à revivre des temps où ce lieu n’était pas encore Lutèce, où l’Homme de Pincevent, à quelques dizaines de kilomètres de là, luttait encore pour sa survie.
Au sol, un tapis de feuilles en décomposition marquait l’endroit d’une forte présence olfactive. Comment vivions-nous quand nous n’étions pas encore soumis à la dictature du visuel ?
Prise au centre de la cabane une série d’images de grand format, collées bord à bord et formant un “développé” nous rappelle les “maisons à plier soi-même” de notre enfance.
Au milieu de la pièce enfin, une sculpture impénétrable cette fois ci, reprend les proportions de celle du Vert Galant: faite de tiges d’acier couronnées de brindilles, elle nous précise que, si tout volume de bonnes dimensions peut un temps faire office de refuge pour l’Homme, habiter suppose en bien des endroits du monde l’idée de toit.
Dehors, dedans, sculpture et photographie, photographies de ou pour la sculpture, j’effectue un va-et-vient sans fin où chaque système est mis en miroir. Décortiqué, le lieu est analysé dans toute la complexité de son histoire au même titre que le langage qui est censé en parler.”
François Méchain