“Depuis plusieurs années je me consacre à la photographie du paysage urbain. Je vois la ville comme un grand corps en transformation et je m’applique à en saisir les signes,
comme un médecin qui enquête sur les changements du corps humain.
Je continue à cultiver une attraction irrésistible pour la ville « type» et en particulier pour les périphéries, où, du point de vue de l’architecture, la concentration créative et la qualité du projet se diluent jusqu’à se perdre. C’est dans les banlieues que les modèles originaux c’est à dire les protagonistes de la culture architecturale se déclinent à l’infini dans une production anonyme et différenciée qui a effacé son code génétique. Je suis également attiré par les zones frontalières, par les limites de la ville où les contradictions de langage sont plus évidentes, où le regard identifie des caractères formels qui intéressent rarement la critique de l’architecture, et que les urbanistes liquident souvent de façon sommaire.
Peut-être l’acte de photographier, ici entendu comme lecture des caractères, pourra nous aider à mieux comprendre la forme simple ou complexe des lieux, à en saisir analogies et différences avec d’autres lieux, dans l’illusion de familiariser, d’obtenir, dans la comparaison obligée des images une possible intégration. Une façon un peu spéciale pour essayer de redéfinir une identité du paysage contemporain.”
Gabriele Basilico, Milan, 6 février 2003