Né en 1939 à Munich, Holger Trülzsch est un sculpteur, musicien, peintre, photographe et vidéaste. En 1969, il fonde avec Florian Fricke, le groupe musical expérimental «Popol Vuh». En 1984, il co-fonde la Mission photographique de la DATAR.
“J’ai prié pour retrouver mon enfance, et elle est revenue, et je sens qu’elle est toujours dure comme autrefois et qu’il ne m’a servi à rien de vieillir” (Rainer Maria Rilke, in Les cahiers de Malte Laurids Brigge).
Vidéo 1 : Entretien dans la montagne (Gespräch im Gebirge), 2010
Les ombres des promeneurs dans le paysage, la mienne et la tienne, le geste de ma main / vidéo suit les pas, enregistre la mémoire immédiate de ce que je regarde sur le moniteur LCD. Les mots se taisent, je me concentre sur le rythme de la marche – entendre – sentir – voir. Et puis après, repenser cette marche, composer des images avec celles de la vidéo, avec des paysages de mes dessins, de mes peintures, avec en tête l’Entretien dans la montagne de Paul Celan.
Vidéo 2 : Le petit tambour (Der kleine Trommler), 2éme version, 2010
– Souvenir de cet ardent désir (Sehnsucht) d’enfant en costume de marin, de m’enfuir au loin, en pleine mer. Revêtu seulement de la chemise de marin trop courte, dénudé comme dans mes cauchemars d’autrefois, j’avance sur les rails de chemin de fer et chante en frappant sur mon petit tambour en fer-blanc une marche militaire pour enfant, cet air d’une sombre époque :
Je suis soldat
Fallera
J’ai une moustache
Fallera
J’ai un sabre, un petit sabre
Je suis le Holgele, le petit Holger,
Je suis le Holgele le gosse
Je suis le Holgele le gosse
– Et aussi des expressions du grotesque :
Mon visage grimé comme le fameux clown Grock de mon enfance, ce personnage d’une inquiétante ambiguïté à la fois comique et sympathisant nazi.
Mon visage grimaçant qui apostrophe le public en répétant d’une voix railleuse die Kunst (l’Art).
Vidéo 3 : Séparation, 2001
“S’apprivoiser à la mort” comme le dit Montaigne ou encore essayer de se représenter l’inimaginable, l’incompréhensible, l’intransmissible, l’atemporel, en s’exerçant à l’expérience de mourir, en simulant cette séparation avec la vie.
Vidéo 4 : as nowhere, 2000
Sur le chemin, les ombres d’un paysage de montagnes, leur lumière bleutée, la neige et la glace.
Et in Arcadia ego, c’est toi, regardeur, le berger de cette Arcadie contemporaine froide, glaciale et aseptique…
Vidéo 5 : La balançoire de Gesualdo (Gesualdos Schaukel), 2001
Don Carlos Gesualdo, prince de Venosa, 1566-1613, joueur de luth et compositeur génial fut aussi ce sanglant meurtrier qui poignarda sa jeune épouse et l’amant de cette dernière.
La légende raconte qu’après les avoir tués, Gesualdo jeta leurs corps sur les marches de son palais de Naples et paya un moine pour violer en public le cadavre de sa femme.
0n raconte aussi que Gesualdo, dans sa rage et son délire de vengeance, croyant reconnaître les traits du visage de l’amant dans le visage de son enfant, mit l’enfant dans un berceau, fit suspendre le berceau avec des cordes en soie dans la plus haute salle du château et ordonna qu’on le balance violemment; le petit enfant mourut ainsi par étouffement.
Vidéo 6: Chimères, 2010
Invocations d’êtres aimées ou rêvées, d’hybridités d’imaginaire et de vécu, de passé et de présent, qui apparaissent, se superposent, se mêlent.
Vidéo 7 : Aphrodite, 2009
Quand les derniers rayons de soleil embrasent les remous des eaux, la créature gigogne apparaît dans la superposition et l’imbrication de sa double silhouette, elle s’extrait d’elle-même, nimbée d’éclats de lumières sous la forme d’une femme, dans les gargouillements aqueux et les bruits de sa respiration, elle sort de l’eau et marche vers nous.