La pratique de Joaquim Paiva peut être vue comme une médiation entre le rationalisme rigide, l’aridité géométrique de l’architecture de Niemeyer et l’exubérance de ces milliers d’ouvriers brésiliens venus des quatre coins du pays chercher un travail, souvent temporaire, dans la ville la plus moderne du pays. Pour vivre, ils se sont installés dans des villes satellites provisoires, constituant ce que l’on a dénommé le Núcleo Bandeirante. Ces migrants ont apporté avec eux leurs goûts pour l’artisanat le plus traditionnel. A posteriori, ces photographies des villes satellites peuvent être vues comme un véritable document anthropologique témoignant d’une réalité aujourd’hui disparue.
Joaquim Paiva réalise un travail d’humanisation de cette « architecture cérébrale » caractéristique de la ville, grâce à la fantaisie des constructions éphémères colorées dont les couleurs, parfois très vives, viennent en contrepoint de l’aridité de ce bout de terre au sein d’une région jusqu’alors inhabitée. Flâneur dans l’espace urbain à la recherche du beau et de situations éphémères, Joaquim Paiva tente dans ses photographies de contrebalancer le poids des espaces et la beauté de l’architecture par la diversité ethnique qui constitue la vitalité de la nation. Sa carrière diplomatique lui imposant de nombreux séjours à l’étranger, la photographie a été pour Joaquim Paiva, à chaque retour, un moyen de se réapproprier la ville et son identité brésilienne. L’ensemble des séries sur Brasilia présentées dans l’exposition en sont le témoignage.
Alban de la Fontaine
Commissaire d’exposition
Alban de la Fontaine
Catalogue
Un catalogue, publié aux éditions Conaculta, accompagne l’exposition.
MÉCÉNAT DE COMPÉTENCE
Traduction des textes d’exposition réalisée grâce au mécénat de compétence de l’agence THOMAS-HERMÈS