Cette exposition, la première grande rétrospective consacrée au travail de Paolo Pellegrin, a été présentée à la Fondation Forma de Milan en 2011 et désormais à Paris, à la MEP, du 4 avril au 17 juin. Elle rassemble quelques 200 tirages de séries et reportages dont : le Cambodge (1998), le Kosovo (1999-2001), l’Irak (2003), le Darfour (2004), la Palestine/Cisjordanie (2002-2004), l’ouragan Katrina (2005), le Tsunami (2005), Gaza (2005), Haïti (1995-2010), l’Afghanistan et le Liban (2006), l’Iran (2009) – autant d’étapes incontournables d’un parcours journalistique sans faute et d’une vision portée par la passion et le talent.
Le titre de l’exposition, Dies iræ (« Jour de colère » en latin), emprunte son nom à la Prose des Morts, poème partiellement apocalyptique. Le Dies iræ était chanté dans la messe de Requiem. Écrit en langue latine sur le thème de la colère de Dieu au jour du Jugement Dernier, le poème évoque le retour du Christ et le moment où les hommes seront conviés au pied de son trône afin que leurs actes soient jugés.
Durant toute sa carrière, Paolo Pellegrin a reçu un nombre incalculable de prix et de récompenses prouvant à quel point la force et l’intelligence de son travail forment, au fur et à mesure des années, une œuvre universelle et cohérente. Pellegrin symbolise une nouvelle génération de photographes qui a conscience des moyens modernes de production et de distribution à sa disposition. Il œuvre à promouvoir une nouvelle manière de regarder les faits qu’il documente en maintenant constamment un sens éthique dans la forme et le mode même de son travail.
Pellegrin utilise souvent une métaphore : la photographie est comme une langue à apprendre. Une langue lointaine, peut-être d’une origine inconnue, dont le mystère fascine plus on s’approche. Petit à petit, le mystère révèle ses contours, se laisse apprivoiser et permet à celui qui l’adopte, le photographe, de l’utiliser pour raconter des histoires. Paolo Pellegrin en a beaucoup raconté. Celles-ci sont parfois dures, même tragiques, comme celles sur la guerre, la prison, la douleur ou les catastrophes naturelles. À chaque fois, pour chaque reportage, Pellegrin a cherché à comprendre, à ne pas juger mais à suivre avec ses yeux ce qui se passait autour de lui afin de l’interpréter à la lumière de son expérience de journaliste et de sa sensibilité d’être humain.
“Mon devoir – ma responsabilité – est de créer des archives de notre mémoire collective” dit Pellegrin. Personne comme lui n’a su renouveler les enseignements et les principes de la tradition du photojournalisme grâce à nouveau langage, celui du XXe siècle.
Commissariat
Alessandra Mauro
Exposition produite par
Fondazione Forma per la Fotografia, Milan.
Avec le soutien de
Autour de l’exposition
Catalogue : Un livre, publié aux Éditions Contrasto, accompagne l’exposition.