Depuis maintenant une dizaine d’années, en marge d’une activité principale qui consiste à peindre des tableaux, Robert Combas développe ce qu’il nomme des « pratiques satellites ». Pour une grande part, le principe de ces séries annexes est de transformer (en peignant ou en dessinant) des images préexistantes, c’est-à-dire dues à d’autres créateurs. Au fil des ans, l’artiste est intervenu sur des sérigraphies (des tirages papiers des Marylin d’Andy Warhol, pour la série des MarylinCombas), ou encore des esquisses d’étudiants en école des beaux-arts, réalisées d’après des modèles vivants ou des reproductions en plâtre de sculptures antiques (la série des Tatouages académiques). Les satellites comptent aussi dans leurs rangs un grand nombre de photos repeintes. La photographie est apparue en 1997-98, lorsque l’artiste fut invité, avec Ben, à concevoir une exposition à l’Historial de la Grande Guerre de Péronne. À cette occasion, il peignit sur des photos d’archives du conflit de 1914-18. […]
Fin 2008, Combas franchit un cap avec une nouvelle série d’œuvres photographiques, réunies dans cette exposition intitulée Le frimeur flamboyant. Le titre constitue un hommage aux Flamin’ Groovies, groupe rock fondé en 1965 et mené par le leader Cyril Jordan, dont l’artiste a toujours apprécié la simplicité de l’approche musicale. Les Flamin’ Groovies revisitaient à leur manière des standards des Rolling Stones ou des Beatles. Pareillement, Combas réinterprète à sa façon le travail de photographes emblématiques. Selon un processus de mutation, hérité aussi bien de Lascaux que de Léonard de Vinci, la forme de chaque motif en engendre d’autres, jusqu’à ce qu’elle disparaisse dans une nouvelle composition. Combas commence par dessiner sur l’image à l’aide de feutres acrylique Glitter Touch et Pearl (respectivement des marques Pébéo et Tulipe), initialement conçus pour le graphisme sur tissu. Puis, cette matrice est photographiée et imprimée en grand format, selon la technique de l’argentico-numérique. Il intervient alors à nouveau sur le grand tirage, jouant de la confrontation entre ce qui est déjà peint dans la photo et les nouveaux ajouts. Il s’avère en effet ardu, au final, de déterminer ce qui appartient à l’image préexistante, au premier dessin (qui relève désormais de la reproduction) et ce qui revient aux dernières interventions peintes. Pour différencier les campagnes, il faut guetter le relief des matières et distinguer les faux des vrais reflets de lumière dans les moirures du Glitter et du Pearl. Au risque de se perdre et de s’écrier, à l’instar d’un des personnages de ces photographies : « J’y comprends plus rien ! » […]
Richard Leydier
(Extrait du texte “Robert Combas, Le grand dégel”, in Robert Combas, Le Frimeur flamboyant, Linda and Guy Pieters Publisher, 2009)