Dans la collection
À l’occasion des 50 ans de carrière de la photographe en 2008, la MEP consacre une grande rétrospective à Sabine Weiss. En 2014, l’exposition « Chère Sabine » est y organisée dans le cadre du Mois de la Photo, pour les 90 ans de l’artiste. Neuf jeunes photographes sont alors invités à choisir dans son œuvre une image pour créer une photographie qui lui fasse écho. L’ensemble rejoint la collection de la MEP, qui contient à ce jour 46 tirages de l’auteur.
Une vie dédiée à la photographie
Dès son arrivée dans la capitale en 1946, Sabine Weiss développe un travail qui la rattache à l’école humaniste française : elle immortalise le Paris des années 50, ce Paris populaire qui baigne dans l’ambiance particulière de l’après-guerre, « une période magique où les chevaux des Gitans ruaient sur les terrains vagues de la Porte de Vanves », dit-elle. La photographe capte les rencontres, les petits gestes, les silences ; elle saisit la lumière subtile des bougies, des lampadaires, des phares de voiture. À l’instar de ses amis Robert Doisneau ou Willy Ronis, Sabine Weiss a le cœur dans les yeux, et s’attache à rendre sensible ce merveilleux de la vie quotidienne.
Beaucoup de ses scènes de rues les plus emblématiques sont prises à côté de chez elle, dans l’ouest de Paris. Elle est également à la fin des années 1970, une voyageuse infatigable. Dévorée par la curiosité, elle sillonne le monde – les États-Unis, l’Europe, l’Égypte, l’Inde, le Maroc, la Bulgarie, la Birmanie – s’attachant inlassablement aux individus, aux enfants, aux personnes seules, aux gens modestes ainsi qu’aux rites religieux.
Biographie
Sabine Weiss est née à Saint-Gingolph, en Suisse en 1924. Très jeune, elle s’initie à la photographie et fait son apprentissage à l’Atelier Boissonnas à Genève. Elle s’installe à Paris en 1946 et devient l’assistante de Willy Maywald, photographe de mode.
En 1950, elle épouse Hugh Weiss, peintre américain installé à Paris. Avec lui, elle fréquente les peintres de l’époque et se lance comme photographe indépendante.
En 1952, elle travaille pour le magazine Vogue. C’est là que Robert Doisneau la remarque et lui propose de rentrer à l’agence Rapho.
Rapidement reconnue aux États-Unis, elle expose dès 1954, à l’Art Institut of Chicago. Elle est sélectionnée par Edward Steichen pour l’exposition qu’il organise au Museum of Modern Art de New York, «The Family of Man», en 1956.
À partir des années 1960, elle partage son activité entre des commandes pour la publicité et pour la presse européenne et américaine et des voyages dans le monde entier. Elle réalise alors une œuvre personnelle toujours très attentive à la présence humaine.
Elle reçoit en 2020, à l’âge de 95 ans, le prestigieux prix « Women in Motion », décerné avec le groupe Kering en collaboration avec les Rencontres d’Arles.
Sabine Weiss meurt à Paris le 28 décembre 2021, à l’âge de 97 ans.